lundi 14 novembre 2011

Nouvelles du Disque-Monde de Terry Pratchett

Le pitch : 
Voici le premier livre réunissant l'ensemble des nouvelles de Terry Pratchett qui appartiennent au corpus du Disque-monde. On y retrouve avec jubilation les mages de l'Université de l'Invisible, la Mort, les sommités d'Ankh-Morpork, les sorcières de Lancre, le Guet et même Cohen le Barbare.

Mon avis :
Attention, se dévore très rapidement.
 
Je n'ai vraiment pas le temps de lire en ce moment (bizarrement, j'ai par contre le temps d'acheter des livres qui s'empilent joyeusement), mais hier soir Terry Pratchett me faisait de l’œil depuis ma table de chevet... Le coquin. 

Nouvelles du Disque-Monde est un recueil de la totalité des nouvelles concernant le Disque-Monde, à savoir... 6 ! Sir Pratchett n'est apparemment pas un grand fan de l'écriture de short stories comme il le dit :

"Les nouvelles me coûtent sang et eau. J'envie ceux qui les écrivent avec facilité, du moins ce qui ressemble à de la facilité.
Je serais étonné d'en avoir écrit plus de quinze dans ma vie"
(citation de l'introduction d'une nouvelle)

Pour le coup ça m'arrange bien, j'ai réussi à lire les 124 pages sans m'endormir et en plus en rigolant !

Rejet par l'université de procédés diaboliques est absurde de (ir)réalité et complètement pertinente. Pratchett inside ! Après la demande du seigneur Vétérini à l'Université de l'Invisible d'attirer des étudiants et surtout d'obtenir des résultats probants (comme des élèves diplômés ET toujours vivants), est nommé un inspecteur d'académie, Monsieur Pessimal. Nous assistons à la réunion durant laquelle les mages discutent des propositions de cet inspecteur, en attendant le goûter. 

"Vous voyez, Monsieur Pessimal se demande pourquoi on ne publie pas les résultats
de... euh...ce qu'on fait, reprit Cogite.
- Publier ? fit l'assistant des runes modernes
- Les résultats ? fit le titulaire de la chaire des études indéfinies
- Ook ? fit le bibliothécaire"

Je ne résiste pas à vous offrir une seconde citation de ma nouvelle favorite de ce recueil pour l'ambiance de réunion inutile et de lenteur administrative volontaire, avec en prime une jolie pique de l'auteur :

"J'ai vu quelques-uns des journaux de Jusseuil [...]
- Et ça parle de quoi ? demanda le doyen
- Oh j'crois pas que ce soit destiné à être lu. Plutôt à être écrit, répondit l'archichancelier"
La Mort et tout ce qui s'ensuit est un petit (4 pages) conte philosophique sur le thème du chat de Schrödinger dans lequel La Mort et un philosophe agonisant argumentent sur nos choix, dans l'idée que chaque choix possible créerait de fait un univers parallèle. Sympa non ? (Mais pas très innovant, je vous l'accorde)

"Il existe aussi des millions de versions de moi-même. Et... ça c'est le bon côté ! dans certains univers je ne suis pas en train de mourir !"

Minutes de la réunion en vue de concrétiser le projet de fédération de scouts d'Ankh Morpork est une belle parodie de conseil municipal mais qui ne me laissera pas un souvenir indélébile.

La mer et les petits poissons. Pas de chance pour moi, les personnages de Pratchett que j'apprécie le moins sont les sorcières et elles sont les héroïnes de la plus longue nouvelle du recueil (la moitié du bouquin environ). Prenez garde, dans cette histoire, Mémé Ciredutemps devient aimable (!) suite à son évincement d'un concours incontournable pour les sorcières : les Jugements. Les conséquences sont bien évidemment terribles, mais cette nouvelle ne m'a pas amusée des masses, c'est dommage. Je citerais seulement cette belle réplique de Nounou Ogg :

"Laitie soupira. "J'imagine que vous ne pourriez pas la persuader de ne pas s'inscrire
cette année ?" dit-elle. Nounou parut choquée. "Avec une hache vous voulez dire ?"

Le théâtre de la cruauté est une courte enquête du Guet. Ce récit fait référence à Punch, une marionnette célèbre Outre-Manche, qui comme son nom l'indique frappe à peu près tout le monde, dont les femmes, et qu'apparemment les enfants apprécient particulièrement. Je ne crois pas que ce soit le cas de Terry Pratchett.

"C'était une belle matinée d'été, de celles qui rendent l'homme heureux de vivre. Et l'homme aurait sans doute été plus heureux de vivre. Car il était pour tout dire mort. Il aurait été difficile d'être plus mort sans formation spéciale."

Drame de troll est à la base un hommage à Tolkien qui part du postulat que les héros qui se battent pour un monde meilleur ne seraient finalement pas les mieux adaptés pour y vivre. On y retrouve avec plaisir Cohen le Barbare, nostalgique du fonctionnement de l'ancien monde, bien décidé à tuer un troll sur un pont. 

"Tout change, tout passe. Vous vous battez pour changer le monde, et, une fois le monde changé, vous n'y avez plus votre place, vous le combattant." (citation de l'introduction de la nouvelle)

Ce recueil est dans l'ensemble très sympathique. La couv' est joliment illustrée par Paul Kidby (Who else !). Patrick Couton nous prouve encore une fois son talent d'écrivain à travers la traduction que j'imagine compliquée de Sir Pratchett et de ses jeux de mots (moisis ou pas, c'est selon les goûts !).

Malgré la longueur de la nouvelle sur les sorcières, j'ai bien ri et je ne regrette pas du tout mon achat impulsif aux Utopiales !

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